(première ébauche)
Thème:
L’avenir de la presqu’île, territoire de possibles
RE_DES_INDUSTRIALISATION = Processus, ici lié à un lieu, le bec d’Ambès et la centrale thermique.
Nous avons approché ce lieu en rêvant un futur possible pour ce dernier, un processus utopique qui se substituerait à celui en cours sur ce site, l’industrialisation/désindustrialisation. Ce processus chercherait une cohérence avec l’histoire et la géographie de ce territoire afin de s’inscrire dans le contexte de ce dernier.
Questions posées
– Comment la réflexion sur « Re_Dés_industrialisation » – un processus – de ce site, donc par la prise en compte du contexte géographique, permet une utopie, un projet rêvé, qui perpétue la mémoire du lieu en s’inscrivant dans une échelle de temps tout en abordant la question du vivant ?
– Comment rendre compréhensible cette utopie et la mettre en représentation ?
Le projet et son rendu – l’événement – entrouvrent les questions suivantes :
Celle de l’opportunité d’un rêve qui réinscrit ce lieu par rapport à sa géographie, à son histoire et à son paysage.
Celle d’un processus en fin de vie laissant place à un possible pour cet endroit
Celle du temps, du processus donc de l’histoire, des permanences et des traces
Celle de l’absence d’un repère important de ce territoire et de son remplacement
Celle de la limite comme condition d’existence première d’un lieu
Celle du vivant comme fragment d’un paysage indécis ouvert au temps
Celle d’une rencontre, d’un mouvement poli par quelque chose qui descend – l’industrie – en même que quelque chose monte et envahie – le vivant – à la manière de cette industrie qui est arrivée par le fleuve sur ce territoire stratégique
L’utopie : Un processus
Les cheminées sont détruites après 30 ans d’activité. Des lumières ballons captifs prennent leur place. La disparition brutale est empêchée, le territoire reste visible aux alentours par ces points hauts maintenus.
Les lumières ballons mettront 30 ans à descendre, 30 années pour venir à la rencontre du sol où des poches végétales pionnières, artificiellement mises en place par l’homme, sont installées sur le site de la centrale. Des liaisons sont imaginées vers la Garonne, élément géographique repère, charriant le vivant, graine, pollen…. La colonisation végétale commence.
Une limite respectant la mémoire du parcellaire historique est installée, trace qui perdure encore aujourd’hui, elle est poreuse, perméable à la végétation, à la faune, aux intrépides et elle mettra elle même 30 ans pour disparaître. Elle est une des conditions pour que ce possible existe.
A l’aide des 30 années la rencontre s’effectuera entre les lumières ballons et le matelas végétal, entre ce qui descend et ce qui monte, entre ce qui se construit à l’intérieur et ce qui gagne de l’extérieur.Les mouvements coordonnés de la végétation, de la faune, des hommes venus chaque année ramener graduellement au sol les lumières ballons, des aventureux ayant percé la limite ici et là, façonnent les espaces.
C’est alors bientôt la fin de ce processus et sûrement le début d’un autre.
L’événement
Donner à voir le dehors par un dedans perméable, une mise en situation accueillante par rapport au territoire. Un seuil, un passage, ou le dehors et le dedans se traverse permettant l’écoute et la parole à partager autour d’une utopie. Mise en représentation du rêve par des éléments symboliques et concrets. La scénographie est propre au lieu.
contours S. Enjolras
L’installation
Disposition de verres manufacturés qui délimitent l’espace scénique et représentent le territoire du bec d’Ambès. Les verres proposent l’imaginaire des deux fleuves qui enlacent ce territoire (Garonne et Dordogne). De plus, ils expriment l’idée de la limite perméable proposée dans l’utopie, ainsi que le rapport à la facture du contenant et du contenu, le multiple déployé. Les verres seront remplis d’eau de la Dordogne d’un côté et de la Garonne de l’autre, ainsi la limite géographique tangible prend forme.Un sol terreux est mis en place à l’intérieur de cette limite comme une couche nouvelle plaquée sur l’enrobé du parking ; comme un territoire de marais qui s’installe entre deux fleuves qui charrient les sédiments.
Des assises métalliques manufacturées identiques prennent place suivant une grille ordonnée et donnent à voir un premier plan : un tulle suspendu encadré, métaphore d’une ville qui regarde son territoire dressé devant elle. Par un rapport visuel d’échelle avec l’usine réelle, ce tulle fixe pour un instant la trace des cheminées. Quatre ampoules rouges seront attachées, elles esquisseront derrière le tulle le haut des cheminées à la manière des ballons rêvés. Le cadre-tulle prend place à l’intérieur de la limite proposée par les verres. De ce fait, une partie de ces derniers seront éclairés, comme la trace de la rive, ainsi la géographie se prolonge.
Chaque assise reçoit quatre godets de plantes de friche, des fragments d’un paysage rêvé, artificiellement conditionné par l’homme, qui acquiert une certaine forme de beauté avec le temps. Ainsi au début, avant que le visiteur ne pénètre le territoire, la vision de l’installation est celle esquissée dans le rêve, celle du vivant dans son entièreté. Les godets devront être touchés, déplacés, appréhendés pour s’asseoir, puis possiblement emmener chez soi à l’issue de la rencontre.
Des hauts parleurs-citernes alimentés par un réseau de câbles au sol en reflet des lignes H.T. découpant le paysage, diffuseront un texte écrit préalablement racontant les différents constats puis l’utopie imaginée. Un échange entre visiteurs pourra avoir lieu après l’écoute.
Sophie Robin, mise en scène
Samuel Enjolras, Architecte Paysagiste
Eric Blosse, Scénographie Eclairage
– juin 2011 –