Rosso Bordeaux

Place de la Comédie Bordeaux

pré figuration scénographie

Suite à l’impossibilité de réaliser le cœur de la première proposition de scénographie formulée par l’équipe artistique (un ensemble de réserves sont données par l’équipe de coordination et de direction technique, notamment sur les modalités d’utilisation des façades concernées, avec les risques de coloration et les dispersions importantes de masse d’eau ; les prises en charges de responsabilités en cas de dégradation sont difficiles à évaluer par l’absence de connaissances de tous les propriétaires et les incidences budgétaires ; utilisation des fenêtres de l’hôtel que dans une proportion réduite et pas sur les étages concernés par la clientèle ; impossibilité de cohabitation entre une maîtrise des flux de public et les accès de sécurité,
mais principalement manque de capacité d’accueil public dans des conditions correctes de vision du spectacle…)

J’ai essayé de réfléchir à un dispositif, à une approche de l’utilisation de l’espace public qui puisse rassembler le plus grand nombre de points évoqués par l’équipe artistique et tout particulièrement par Pippo D. lors de ma première rencontre avec lui sur le site proposé.
Ainsi il semble possible :
– de positionner les musiciens et le chœur sur la terrasse en tête de la façade de l’opéra, y assurer leur éclairage et leur sonorisation, sous condition d’acceptation de la part de la direction de cet établissement de mettre en place un module de scène/échafaudage sécurisé afin de permettre la bonne vision des musiciens : à ce jour, nous avons obtenu un accord de principe de la direction de l’opéra
– d’imaginer la possibilité de mettre en place un rideau d’eau en façade, une étude technique quand à sa réalisation et à son coût va être menée, les services de l’opéra sont disposés à nous aider
je reviendrai plus loin sur ce point.
– l’utilisation de fenêtres du grand hôtel sera probablement limitée à celle situées sous le premier étage de chambre. Leur nombre et leur potentialité reste à confirmer auprès de la direction.
– l’ensemble des autres points relatifs à la sécurité sont à l’étude et demandent la finalisation du projet artistique pour clore leur viabilité.
d’après moi, pour permettre une idéale mise en œuvre du contenu artistique, pour exposer sa force poétique et politique, en tant qu’œuvre agissante au centre de l’agora bordelaise, et ainsi toucher le plus grand nombre en ce lieu offert d’une façon momentanément si particulière par une mise en situation incongrue de l’espace d’origine,
Il me semble important de privilégier la libre circulation des publics dans l’ensemble du site et permettre ainsi à tous de pouvoir saisir tout ou partie du cœur de la représentation et donc de la parole proposée.

le corps du projet repose sur les hommes, leurs paroles, leurs musiques, leurs origines, leurs luttes, … et se propose de s’organiser autour du corps des pompiers, hommes qui préservent, qui luttent, qui apaisent, qui interviennent…
C’est en cela que ce pourrait être un dispositif dit d’intervention provisoire, à l’image des pompiers. Un dispositif provisoire peu encombrant mais remodelant de façon majeure l’aspect de la place de la comédie.
Il m’apparaît que pour permettre de réaliser cela il est nécessaire de proposer un lieu préalablement préparé, façonné, quant à sa scénographie.
le lieu de l’intervention est prêt à être mis en action, immobile tout d’abord au regard du poids de l’histoire de ce lieu, puis mis en action par l’arrivée des gens, ceux là qui viendront en grand nombre remplir le corps du spectacle vivant.

L’espace investi pour cette intervention pourrait se décomposer en trois parties :
– les structures techniques principales réduites à trois tours de lumières disposées sur les bords extérieurs du centre de la place, au départ des rues d’accès, ainsi que deux unités à situer pour une diffusion principale de la musique et de la parole. c’est ce qui s’installe en premier sur le site préfigurant la transformation prochaine.
– les installations investissant les espaces de jeu sollicités, mise en place et transformation de l’intérieur des corps des bâtiments : le Grand Théâtre et le Grand Hôtel…
– les « îlots » de jeu que représenteraient cinq camions-échelle de pompiers.
Ces cinq unités mobiles d’intervention présentent sur le site pourraient contenir chacune, à l’image du chantier mobile, les moyens de leur autonomie, avec leur propre système de diffusion, d’extension . Cinq kits à la fois autonomes en terme de son, de lumière, de scène, de jeu mais aussi reliés à l’ensemble du dispositif général pour être relayé, amplifié par celui ci.
Une régie technique générale pourra piloter l’ensemble des dispositifs, ceux des camions, celui de la scène musicale située en haut du grand théâtre et des tours techniques de son et de lumière.
Par exemple on pourrait imaginer de positionner deux camions à grande échelle de par et d’autre de la façade du GTB , ainsi nous pourrions produire une cascade d’eau colorée en tir croisé frontal. (et ainsi rendre l’image du rideau d’eau rêvé.)
Au centre un véhicule majeur avec échelle déployée pourrait servir de scène….etc
L’architecture de l’ensemble viendrait bouleverser de ses diagonales pointées vers le ciel l’harmonie de la place en inventant un nouvel ordre.
Cinq unités d’intervention comme les cinq sens, les quatre éléments autour de l’homme au centre.
pour se résumer, chaque unité mobile d’intervention composée d’un lieu/scène + hommes/femmes + musique/parole + image/lumière + action/ intervention.
Chaque unité pourrait contenir : un plateau ou surface aménagée, deux à trois appareils de lumière, mouving light led wirless, deux ou trois HP pour diff sonores avec micros, un appareil follow spot pour haut d’échelle manipulé par un pompier, eau, lance à eau, accessoires..,,

L’idéal serait que ces cinq dispositifs soient disponibles individuellement ou ensemble en amont sur un site d’entraînement des pompiers (ex à Bassens) afin de répéter et de simuler les moyens et les aménagements techniques à mettre en œuvre. Sur site n’auraient lieu que les répétitions finales…
aussi pour préserver le plus longtemps possible le lieu dans son image et sa fonction habituelle.
seules qq jours avant pourrait se faire au sol les traçages des futurs positionnement des unités d’intervention ( par inverse le corps des pompiers réinvesti la trace préalable du vivant de son action…!)

voilà un ensemble de propositions comme des palettes mises à disposition qui ne pourront s’activer qu’avec la réalité du contenu artistique, de la parole, de l’histoire qui se racontera…
J’ai beaucoup « voyagé » avec les différentes images proposées par Pippo D. lors de notre rencontre sur le lieu de ce projet et j’espère ainsi me nourrir de ses rêveries et celles de ses amis collaborateurs.
Je pense intimement que le mouvement recherché, (celui des matières, des corps, des esprits, de la pensée active, la pensée en mouvement) prendra valeur avec celui du public coordonné aux actions, aux images, aux paroles proposées .

Un public envahissant, encerclant le dispositif d’intervention, acteur de ce Rosso Bordeaux pour impulser ce cœur provisoire qui lui est proposé.

éric blosse

COMPLÉMENT DE RÉFLEXION : 

Pour revenir, étendre, préciser, ouvrir… le texte ci dessus :

Les propositions ci dessus ne sont que des propositions.

Pour moi revenir, proposer une scénographie d’ensemble est le moyen de me rassurer.

De proposer un cadre rassurant dans lequel tout reste à écrire.

J’ai besoin de faire évaluer la capacité d’un système à être réalisé dans le contexte de cette première de EVENTO BORDEAUX 2011.

Il est impossible d’échapper à la présence des infrastructures techniques, tours, régies, réseaux etc etc,

alors je pense que le mieux est de les affirmer pour construire un nouvel espace ayant son autonomie.

Une autonomie provisoire, comme tous les lieux de chantier, de construction, tous les lieux d’intervention.

Lors de notre rencontre avec Pippo D. nous avions évoqué entre autres les mises en scène des places publiques comme lieu d’exécution, guillotine, sang etc etc, le drame a aussi ses lieux provisoires, avec ses scènes, ses balcons, ses échafaudages….

Pour toutes ces raisons,  je pense que face à un site de ce type, pour le rencontrer, l’affronter, le raconter, le ré-inventer il est nécessaire de rassembler ses forces.

C’est pour cela que je propose de tout ramener au sol, afin que le lieu provisoire soit au plus prêt du public, sur un plan d’égalité du point de vue de l’échelle..

A bien y réfléchir il me semble donc préférable de ramener l’orchestre et les chœurs en bas, sur des camions, sur les marches de l’Opéra, sur des structures à inventer. Leur rôle, leur sensible, leur vibration sera plus accessible, plus perceptible, amplifiable de façon plus cohérente.

Je suis convaincu que cet espace doit préserver la circulation, la mobilité – celle du public – Le site reste un appui historique et esthétique, mais il sera commun à tous. Un lieu de foire, de vie, de passage, de rendez vous…

Un lieu de théâtre.

La dimension du théâtre doit être à tout pris préservée.

Pour exposer le théâtre, il y a mise en scène du lieu  du théâtre, aussi.

A ce jour, l’ensemble de ces propositions se positionnent comme des moyens mis à disposition, je le redis.

A l’intérieur de ce « cadre » tout reste à inventer.

La forme et le fond.

La forme des infrastructures techniques est vouée à disparaître derrière ce que va mettre en œuvre le théâtre.

Je veux revenir un instant sur la volonté d’encadrer (cf collages ci dessous) le site par ces 4 tours techniques.

Les intérêts sont, me semble t il,  les suivants,  pour partie déjà exposés :

– créer le lieu provisoire du théâtre, et cela seulement compréhensible  les jours de répétition et de spectacle. Pas de scène, pas de rupture des habitudes de circulation.  Puis même dans son exploitation il reste un lieu de circulation.

– se recentrer sur les deux façades les plus symboliques, comme deux toiles de fond, présentant chacune des possibilités de représentation en étage, fenêtres, balcons, terrasses. Le théâtre peut se nourrir de  ces endroits qui portent leur propre fonction. Leurs façades sont les plus proches de l’aire de jeux, et peuvent permettre un vis à vis de parole.

– Le fait de concentrer dans le centre du site la parole du théâtre, donne le moyen au plus grand nombre d’y accéder, par rayonnement, par écho…

– le site se mettra en œuvre préalablement à l’arrivée du public par le stationnement des unités mobiles d’intervention des pompiers, et pourra ainsi commencer l’exposition et l’écoute de la parole.  Le processus sera inverse à la fin de l’intervention. Chacun retrouvera son activité, ses lieux, son quotidien, mais tous auront constitué un ensemble unique provisoire, constitué par la cohérence et la communauté de leurs aspirations.

Du vivant.

– Affirmer la forme du cadre (le cadre technique) pour faire se concentrer les regards vers le cœur du théâtre en action.

Voilà donc encore une fois, un peu en désordre, mais posées avec passion, les dernières réflexions qui me viennent afin aussi de me donner, pour pouvoir ensuite donner à mon tour, mes cadres à moi. Les cadres sur lesquels je sais pouvoir poser le théâtre, très vite  dans nos premiers échanges avec Pippo D. nous avons dit combien il était  facile de  perdre le théâtre dans un site pareil.

Maintenant il faut continuer à inventer, à chercher en prenant appui sur les éléments qui seront retenus.

Bientôt avec la construction progressive de cette palette remplie de couleur, je vais pouvoir commencer à parler de lumière.

Je suis impatient de la prendre en main et d’accompagner  l’histoire qui va nous être raconté à cet endroit.

à très vite,

éb

Place de la Comédie Bordeaux

Télécharger fichier Powerpoint  : ROSSO BORDEAUX2

Laisser un commentaire